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De la Zad aux Communaux ?

La lecture faite dans l’émission – retranscrite ci-dessous – est extraite d’un texte issue de la Zad de Notre Dame des Landes, dont l’intégralité est téléchargeable ici : de_la_zad_aux_communaux_-2

2015-07-21_NDDL-agri-map

De la Zad aux communaux ? Extrait

Pour lʼinstant, nous avons en partage le refus dʼun aéroport. Si nous en restons là, nous sommes condamnés à disparaître en tant que mouvement au moment de lʼabandon du projet contre lequel nous nous organisons. Cʼest en faisant naître parmi nous un horizon commun vers lequel cheminer que nous serons capables dʼempêcher la reconquête de ce territoire par la métropole.

À lʼheure où les décideurs pataugent, où le projet est comme gelé dans une sorte de moratoire qui ne dit pas son nom, nous disposons dʼune fenêtre de quelques années pour rendre envisageable et surtout désirable lʼhypothèse dʼune Commune à Notre-Dame-des-Landes.

Construire des communaux, peut être un premier pas dans la perspective de faire commune. Par Communaux nous désignons à la fois un territoire partagé, les terres communales, et les infrastructures de lʼautonomie qui sʼy élaborent, les communs.

Les communs, pour lʼinstant, cʼest un archipel diffus de groupes entremêlés qui sʼorganisent parfois ensemble, parfois côte à côte, pour tenir des infrastructures mises en partage avec lʼensemble du mouvement. Pour nous en puissance, ce joyeux bordel nʼest rien moins quʼune esquisse de base matérielle pour asseoir une Commune dans ce bocage. Reste à renforcer ce mouvement, à accroître notre force matérielle tout en approfondissant les modes de partages qui y sont attachés.

Les terres communales, cʼest un territoire mis en partage dans lequel la propriété foncière, la propriété du sol, nʼest plus définie par le droit, pour lʼinstant inapplicable dans ce bocage. Par territoire, nous entendons : les champs, les bois, les prés, les haies, les fermes, les maisons et les cabanes, mais aussi les routes et les chemins.

Il s’agit de pousser un mouvement sur le point de faire définitivement échouer le projet d’aéroport à s’attaquer à l’un des fondements de son monde : la propriété foncière. C’est chercher à réaliser un très vieux rêve : que nul ne puisse vendre, acheter ou monnayer l’usage des terres, cabanes et fermes, friches et champs que nous avons en partage.

Imaginons une assemblée extraordinaire impliquant le mouvement dans toutes ses composantes, ainsi que les habitants de ce bocage, les personnes et les groupes qui en ont lʼusage : lʼAssemblée des Communaux.

Lʼassemblée des Communaux ne serait pas une structure légale officielle. Elle serait une structure coutumière, horizontale, un espace où sʼinvente progressivement, au rythme des conflits, une manière de vivre ensemble, à lʼéchelle de la ZAD. Elle serait aussi un lieu depuis lequel affirmer la primauté de nos pratiques et de nos usages sur le droit en vigueur.

La première assemblée des communaux, solennelle et destituante, pourrait se dérouler dans un lieu du pouvoir foncier . Son geste inaugural pourrait être lʼexpropriation sauvage dʼAGO VINCI, et la déclaration en Communs dʼune partie des terres de la ZAD.

Suite à cette première assemblée, il pourrait sʼen tenir une par saison. Les usages dʼun territoire sʼinscrivent dans des rythmes saisonniers : la cueillette, la chasse, les semis et les récoltes, lʼélevage et le bois de chauffe sont pris dans des cycles.

Mais pour donner corps aux communaux, une assemblée saisonnière ne suffira pas, il sʼagit de faire communauté. Si nous voulons parvenir à faire coexister les différents usages du territoire, les différents rapports au monde qui se déploient dans ce bocage, il nous faut créer des coutumes, des rites, des solidarités et des habitudes communes. Multiplier les moments de travail en commun, densifier les échanges et les solidarités, les dons et contre-dons qui font lʼépaisseur de nos liens. Il faut pour cela construire dʼautres espaces, expérimenter dʼautres outils, dʼautres pratiques, dʼautres formes que les assemblées, même si ces dernières sont indispensables par ailleurs. Il nous faut approfondir les rencontres, les passerelles entre les mondes, et les amitiés improbables nées de cette lutte.

Cʼest à nous de faire communauté pour devenir Commune et ainsi se projeter dans un décrochage durable de ce territoire vis à vis des pouvoirs institués, pour peupler les années à venir dʼune tentative qui susciterait autre chose que le désir dʼun retour à lʼordre.

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