PROJET EL KHOMRI : CONTRE LE CHOMAGE ?
Le gouvernement nous explique que le projet de loi El Khomri lutte contre le chômage. Nous soutenons que ce n’est pas en augmentant le temps de travail qu’on incitera la création de nouveaux emplois. Il n’y a pas assez de travail pour tous. En effet, il est insensé de vouloir donner plus de travail à ceux qui en ont déjà, et qui peinent à trouver du temps libre pour leur vie personnelle, alors que 5 millions de chômeurs sont exclus durablement du monde professionnel. Soit on décide de faire partie des rares travailleurs, soit on choisit de mettre en place un système de partage plus équitable du temps de travail permettant par la même occasion une meilleure unité de la population. Nous pensons que pour améliorer nos conditions de vie et d’embauche, il vaut mieux répartir le travail et non pas le concentrer sur une minorité. L’avenir n’est pas à l’augmentation du temps de travail mais à la libération du temps libre. Il faut du temps libre pour réfléchir à un monde meilleur.
Il faut libérer de l’espace pour penser, pour poser nos points de vue politiques, économiques, sociétaux, afin d’élargir et d’améliorer nos perspectives. Cette loi est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, profitons-en pour le vider de son contenu. Ce mouvement réunit toutes les personnes qui veulent une vie meilleure que celle que le gouvernement nous propose. Cet amphithéâtre est le lieu de débats, de conférences animées par des étudiants, des économistes, des sociologues, des associations, permettant une ouverture d’esprit qui ne nous est pas permise dans le cours normal de nos vies. Nous n’empêchons pas les étudiants d’étudier. A l’amphi Mathiez, nous sommes contre l’instabilité et la flexibilité que l’on nous propose et nous voulons avoir une emprise sur nos vies, avoir le temps de réfléchir sur nos conditions pour pouvoir contrer les abus du patronat.
Les jeunes sont aussi concernés.
Les jeunes sont les premiers à être concernés par cette loi El Khomri. Ils connaissent déjà la précarité à travers les stages non rémunérés ou peu, les emplois étudiants néfastes à la réussite des études puis au cours de leur insertion professionnelle souvent difficile. Marteler aux jeunes que faire des études les protégera du chômage et de la précarité, c’est oublier les 25% de jeunes chômeurs, c’est oublier la précarité des contrats proposés aux jeunes tels que le service civique ou les CDD représentant 80% des nouvelles embauches. Proposer aux jeunes, comme seule alternative à la précarité, la poursuite de leurs études n’ouvre pas pour autant les opportunités d’emploi et implique l’effet pervers d’une massification des sur-qualifiés, très avantageuse pour le patronat. Les jeunes sont constamment dévalués, il faut qu’ils s’unissent, se revalorisent et se fassent entendre par le patronat et le gouvernement qui les attaquent et les rabaissent trop souvent.
C’est donc maintenant qu’il faut tout donner, exiger le retrait total de cette loi et construire notre avenir. Le gouvernement n’a pas à parler en notre nom, il n’a pas à modeler notre avenir sans notre consentement. Il n’existe pas de pensée unique, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire ; ici des idées sont débattues, des opinions diverses sont confrontées pour améliorer notre horizon commun. Il y a urgence à ce qu’étudiants, salariés, chômeurs et retraités se réapproprient le choix de vie en descendant dans la rue, en mobilisant leurs réseaux pour faire converger leurs forces.
Pour ce faire, rendez-vous le jeudi 17 mars 2016 dans la rue pour montrer que les décisions ne s’imposeront pas à nous sans notre implication. La casse du droit du travailleur ne se fera pas ! Les réformes ne nous seront pas imposées par des pantins peu représentatifs des salariés. Nous ne sommes pas des chiffres dans leur modèle économique, mais des êtres humains qui lutteront jusqu’au bout contre le retour à l’asservissement !