Même si presses et médias sont à l’origine de la diffusion du terme « casseur », l’utilisant à tort et à travers dès qu’une manifestation devient plus qu’un simple défilé dans les cadres de l’ordre ; plusieurs articles parus ces derniers jours montrent que de nombreux journalistes s’efforcent de raconter ce qu’ils constatent affectivement : la solidarité au sein des cortège, et l’absurdité des catégories policières… Voici quelques articles intéressants.
- Le Nouvel Obs – des « casseurs » ? oui, mais ils n’étaient pas assoiffés de sang
En effet, le contraste était saisissant face au cortège syndical, clairement dégarni et visible uniquement grâce aux innombrables ballons publicitaires, camions, sonos et autres folklores syndicalistes. Cinquante mètres plus loin, quelques milliers de personnes constituent un autre cortège, sans banderoles de partis ou de syndicats. Des jeunes présents dans les manifs étudiantes et lycéennes, des membres de Nuit Debout, des intermittents, des autonomes, des anarchistes… Dans cette foule, une centaine de cagoulés, clairement là pour aller à l’affrontement. Mais contrairement aux idées répandues un peu partout, ces « casseurs » ne se sont pas insérés dans la manifestation. Ils n’ont pas profité de cette foule pour s’y glisser et s’y cacher. Non, ils étaient présents et bien visibles avant le début de la marche. Et des milliers de personnes ont d’eux-mêmes décidé de marcher à leur côté. Ces milliers de personnes n’ont pas jeté de pavés sur les CRS, mais ils ont accompagné ceux qui les jetaient et les ont aidés (par leurs chants, par leur présence, par des mains tendues lorsqu’une personne était à terre, par des bouteilles d’eau offertes).
Dans ce contexte, la figure de l’émeutier s’étiole, mise à mal par le témoignage des manifestants : « Il n’y a pas de casseurs qui s’infiltrent et cassent pour le fun, estime un militant syndical rennais qui souhaite conserver l’anonymat. Des gens revendiquent ce mode d’action, ciblent des banques ou des grandes chaînes pour marquer une insurrection. C’est ce qu’on appelle les autonomes. Mais ils ne sont pas en marge du mouvement social, ils sont intégrés aux cortèges. »
Venu soutenir samedi un camarade déféré devant le juge, un groupe d’élèves de terminale S du lycée Sophie-Germain, dans le 4e arrondissement de Paris, corrobore : « Le gouvernement parle de méchants casseurs en marge de la manifestation pour décrédibiliser notre mouvement. Nous sommes organisés, indépendamment des syndicats, et c’est ce qui fait peur au gouvernement. » Ces lycéens ont fait presque toutes les manifestations depuis le début du mouvement social : « Maintenant, tout le monde met des foulards et des masques. On se fait tous matraquer et gazer à la même enseigne. Et quand les policiers encerclent la manifestation et nous bloquent pendant deux heures, c’est énormément de pression et une colère qui monte de plus en plus. »