Vacarme en réunion
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Storia di un impiegato
Fabrizio de André est un auteur-compositeur de chanson. Il a composé l’album « Storia di un impiegato » [Histoire d’un employé] en 1973.

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« Quand est sorti « Storia di un impiegato » j’aurais voulu le brûler. C’était la première fois que je me déclarais politiquement et je sais que j’ai utilisé un langage trop obscur, difficile. L’idée du disque était fascinante. Donner de 68 une lecture poétique, et au contraire c’est devenu un disque politique. Et j’ai fait l’unique chose que je n’aurais jamais voulu faire : expliquer aux gens comment se comporter. »
Fabrizio De Andrè.

 

CANZONE DI MAGGIO

Chanson de Mai

Même si au mois de Mai
vous avez manqué de courage
si la peur de regarder
vous a fait fermer les yeux
si le feu a épargné
vos cabriolets Fiat 1500
même si vous vous croyez quitte
vous êtes quand même impliqués.

 

Et si vous vous êtes dit
rien ne se passe
les usines vont rouvrir
on arrêtera quelques étudiants
convaincus que ce n’était qu’un jeu
qui ne durerait pas
essayez donc de vous croire quitte
vous êtes quand même impliqués.

 

Même si vous nous avez fermé
la porte au nez
la nuit où les patrouilles
nous pourchassaient
de bonne foi nous laissant
massacrer sur les trottoirs
même si maintenant vous vous en lavez les mains
vous cette nuit-là oui vous, vous y étiez.

 

Et si dans vos beaux quartiers
tout est resté comme avant,
sans barricades
ni blessés, ni grenades,
si vous avez cru
aux « vérités » de la télévision
même si alors vous étiez quitte
vous êtes quand même impliqués.

 

 Et si vous croyez aujourd’hui
que tout est comme avant
parce que vous avez encore voté
pour la sécurité, la discipline,
convaincus d’avoir éloigné
la peur du changement
nous viendrons encore à vos portes
et nous crierons encore plus fort
même si vous vous croyiez quitte
vous êtes impliqués pour toujours
même si vous vous croyiez quitte
vous êtes impliqués pour toujours.

 

Photo de Tano D'Amico

SOGNO NUMERO 2

Rêve numéro deux

Accusé, écoute :
nous t’avons écouté.
Tu ignorais avoir une conscience au phosphore
plantée entre l’aorte et l’intention.
Nous t’avons bien observé
depuis les premiers battements de cœur
jusqu’aux rythmes plus rapides
de ta dernière émotion,
quand tu tuais,
en favorisant le pouvoir,
les membres viables du pouvoir,
entassés dans la descente
à défendre leur discours.

 

Et si tu as cru t’être vengé,
le phosphore de garde
signalait ton besoin urgent de pouvoir
pendant que tu t’émouvais dans rôle le plus excitant de la loi,celui qui ne protège pas:
celui du bourreau.

 

Accusé,
le doigt le plus long de ta main
est le majeur,
celui de la mienne
est l’index,
pourtant, toi aussi tu as jugé.

 

Tu as innocenté et tu as condamné
au-dessus de moi,
mais au-dessus de moi,
pour ce que tu as fait,
pour comment tu l’as renouvelé
le pouvoir t’en est reconnaissant.

 

Écoute:
une fois, un juge comme moi
jugea ceux qui avaient dicté la loi :
on a d’abord changé le juge
et de suite après
la loi.

 

Aujourd’hui, c’est au pouvoir
qu’un juge comme moi demande s’il peut juger.
Tu es le pouvoir.
Veux-tu être jugé ?
Veux-tu être acquitté ou condamné ?

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